Un « réinvestissement massif » de 7 milliards d’euros dans la recherche pour faire de la France « la 1ère nation européenne innovante et souveraine en santé », telle est l'annonce du Président de la République Emmanuel Macron à l'issue de la 9e réunion du Conseil stratégique des industries de santé (Csis).

L'événement, qui s'est tenu le mardi 29 juin à l’Élysée, réunit depuis 2004 gouvernement et industriels de santé. Il permet au premier de mesurer les ambitions et contraintes des industriels, et à ces derniers de comprendre les exigences des pouvoirs publiques.

Le Csis 2021 est bien entendu marqué par la crise sanitaire. Emmanuel Macron, en a dressé un bilan, louant le fait que « nous avons résisté formidablement collectivement, avec beaucoup d’énergie sur le terrain ». Mais la crise a aussi mis en lumière un « énorme sujet d’organisation du système de soins, et d’organisation des coopérations », en particulier les difficultés de coordination des recherches en début de pandémie. Le Chef de l’État a également souligné la « baisse des investissements en R&D de 25% en 10 ans dans le secteur public ».

Ce constat effectué, les atouts de la France également posés (réseau hospitalo-universitaire, niveau de formation, attractivité de la France…), les grands axes de la stratégie Innovation santé 2030 ont été présentés. Et plusieurs chantiers sont prévus :

  • Un renforcement de la capacité de recherche biomédicale (1 milliard d’euros). Parmi les mesures annoncées, le gouvernement souhaite « attirer les talents » : 15 à 20 d’entre eux bénéficieront de « 3 à 5 millions d'euros pour s'établir en France, créer leur laboratoire et les lancer ». Pour améliorer la coopération des acteurs, 600 millions d’euros sont prévus en faveur de la création de « clusters santé » afin de créer « quelques Boston français ».
  • Un investissement massif dans trois défis prioritaires :  les biomédicaments (800 millions d'euros), sur fond de « souveraineté industrielle et de recherche », en vue de faire une France moins dépendante des importations ; la santé numérique (650 millions d’euros supplémentaires) ; et la recherche sur les maladies infectieuses et émergentes (750 millions), afin d’anticiper les prochaines pandémies et disposer des traitements et vaccins adaptés, au moins en phase préclinique.
  • Faire de la France le pays leader en Europe sur les essais cliniques
  • Favoriser l'équité d’accès aux soins pour les patients et offrir aux innovations un cadre d’accès au marché accéléré et simplifié. Le plan d’action du gouvernement prévoit de s'inspirer du modèle allemand, qui « fait gagner des mois qui sont critiques ». Une mesure-test de 2 ans sera mise en place : elle consiste en une entrée immédiate sur le marché, après évaluation de la commission de la transparence de la HAS pour les produits bénéficiant d’une amélioration du service médicale rendu (ASMR) de I à IV. Les discussions autour du prix s’effectueront en parallèle.
  • Offrir un cadre économique prévisible et cohérent avec l’objectif de souveraineté sanitaire et industrielle. Ce qui inclut de donner davantage de visibilité aux dépenses de médicaments et produits de santé, avec une croissance de 2.4% par an des dépenses pharmaceutiques d'assurance maladie. 
  • Encourager l’industrialisation des produits de santé sur le territoire français et accompagner la croissance des entreprises du secteur.
  • La création d'une agence d’innovation en santé qui accompagnera les acteurs concernés. Cette structure « d’impulsion et de pilotage stratégique de l’innovation en santé » doit voir le jour en début d’année 2022.